Sur les bords du lac Leman, la jeune Ismaëlle va se lancer dans une pêche extraordinaire. Quel est ce nouveau Léviathan qui hante les profondeurs du lac ? Un récit puissant et halluciné sur le désir sous toutes ses formes.
Le jour où son père, pêcheur de longue date, se noie, Ismaëlle se retrouve seule. Seule, vertigineusement, avec pour legs un métier d’homme et une chair de jeune fille.
Mais très vite, sur le lac franco-suisse, d’autres corps se mettent à flotter. Des morts nus, anonymes, par dizaines, par centaines, venus d’on ne sait où –; remontés des profondeurs de la fosse.
C’est en ces circonstances qu’Ismaëlle croisera Ezéchiel, fils d’un » Ogre » africain, qui a traversé les guerres du continent noir et vient sur ces rives affronter une Bête mystérieuse.
Auteur : Vincent Villeminot
Edition : Les Escales
Date de sortie : 30 août 2018
Prix : 17,90 € voir sur Amazon
288 pages
Une prose métaphorique sur fond de Moby Dick…
Mon avis
Cette histoire est constituée d’un récit à deux voix, en monologue et dialogue. D’abord, nous avons Ismaëlle, fille de pêcheur orpheline, qui se retrouve confrontée à la malveillance des hommes alors que son corps de femme se développe. Et puis, nous suivons Ezéchiel, fils d’un dictateur africain qui a traversé les guerres et est venu combattre « la Bête » semblant être tapie dans le la Léman. En effet, depuis quelques temps, des cadavres par centaines remontent à la surface du lac…
Les métaphores s’enchaînent au gré de ce roman. Les événements racontés sont bien souvent idéationnels et, de ce fait, porteurs d’une charge symbolique importante. On retrouve aussi plusieurs allusions à Moby Dick.
De plus, on s’aperçoit alors au fur et à mesure, que le plus gros fléau pour l’Homme est l’Homme lui-même et que cette « Bête » n’est pas tant un Léviathan mangeur d’Hommes tapis au fond du lac Léman, qu’un danger sommeillant dans le ventre des Hommes sous le nom d’envie, de convoitise, de désir de posséder, de « greed ».
On évoque aussi plusieurs thèmes importants, plusieurs fléaux comme le blanchiment d’argent, les génocides, les guerres…
Mais encore…
J’ai vraiment eu l’impression de déchiffrer un long poème contant une quête lourde de symboles se révélant au fur et à mesure. Certains passages étaient tellement lourds de sens que j’ai même du les relire à voix haute. Les paragraphes sont très espacés au gré des idées, et l’on enchaîne les pages rapidement, car parfois uniquement traversées par quelques lignes qui suffisent à nous embarquer…
Cependant, j’avoue bien sur avoir été quelque peu déroutée à certains moments par ma lecture et je pense que ce roman devrait d’ailleurs faire l’objet d’une analyse bien plus fine au bout de plusieurs relectures. Je me suis souvent perdue, me demandant où l’auteur voulait vraiment en venir, pour mieux comprendre quelques phrases plus tard. Je ne peux d’ailleurs que saluer le travail de Vincent Villeminot qui a très certainement du retravailler encore et encore ses phrases, ses allusions, ses métaphores. J’ai eu pleinement conscience qu’il s’agissait là du travail d’une vie, de l’issue de nombreuses années de travail et de reformulations.
C’est pour cela que je souhaite aussi avertir les habitués de cet auteur : nous sommes à des années lumières de ses habituels romans pour jeunes adultes. Le style est particulier et bien moins accessible que ses précédents romans, il n’a strictement rien à voir en vérité !
Conclusion
Fais de moi la colère est une prose réflexive intense aux symboles lourds de sens. J’ai parfois lu et relu à voix haute certains paragraphes empreints de métaphores importantes. Il s’agit là d’un conte métaphorique sur les pires léviathans de l’histoire : les Hommes épris d’envie et de convoitise. Cette partie de pêche est loin d’être ordinaire, mais elle n’est pas non plus dénuée d’amour et de joie à en faire grossir les ventres…