Le bal des folles de Victoria Mas

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Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Auteur: Victoria Mas

Edition : Albin Michel

Date de sortie : 21 août 2019

Prix : 18.90 € voir sur Amazon

256 pages

 

ce que j'en pense 2

Une immersion dans la psychiatrie du XIXè siècle donnant un aperçu clair de la condition de la femme à Paris à cette époque…

Mon avis

J’ai vraiment adoré ce roman, autant vous le dire tout de suite. J’étais très impatiente de le découvrir lorsque j’avais vu l’annonce de sa sortie lors de la rentrée littéraire d’Albin Michel et je me suis jetée dessus dès que je l’ai eu entre les mains.

J’ai beaucoup apprécié découvrir les destins de Geneviève, Louise, Eugénie et les autres qui s’entrecroisent au gré de l’intrigue. Nous découvrons aussi le fameux Dr Charcot et ses « hystériques » à la Salpêtrière.

Nous sommes donc au cœur des expérimentations et des « cours » donnés par ce neurologue à succès qui décrira et diagnostiquera énormément d’hystériques avec une multitude de symptômes. A l’heure actuelle, on parle encore parfois de « l’hystérie à la Charcot« , très bruyante, rarement réellement rencontrée. Vous vous doutez que j’ai adoré ces notions d’histoire de la psychiatrie qui s’avèrent tout à fait exactes. On va même entendre parle de la fameuse Augustine qui avait fait toute la renommée des cours de Charcot de l’époque…

charcot cours le bal des folles

Cependant, l’auteure va aller bien plus loin que cette passionnante histoire de la psychiatrie.
En effet, elle va en profiter pour dénoncer la condition terrible de la femme à cette époque, en lien avec cette même psychiatrie. Il faut savoir qu’au XIXè siècle, il ne fallait pas grand chose pour se retrouver aliénée : des idées différentes un peu trop bruyantes, ou la folie de trop s’insurger contre les hommes et l’internement n’était pas bien loin ! (heureusement que ça a bien changé depuis !)

On va alors découvrir plusieurs femmes internées et leur histoire, et on se rend compte que beaucoup n’avait pas grand chose à faire dans cet hôpital, mais qu’au moins elles y étaient protégées. Victoria Mas va aussi nous décrire le fait que l’hôpital va agir comme un cocon, écartant des difficultés extérieures auxquelles on n’a plus besoin de penser… et toutes n’ont donc pas forcément envie d’en sortir ! C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. Il est parfois préférable de vivre en hôpital psychiatrique plutôt que de devoir retrouver les difficultés rencontrées à l’extérieur…

Enfin, j’ai adoré le questionnement diagnostique de l’époque, la remise en question des pratiques, mais aussi une belle réflexion autour de la frontière entre la psychiatrie et l’ésotérisme ou la religion. Ces questionnements sont toujours d’actualité et donc très intéressants à mener.
J’ai vraiment beaucoup aimé la plume de l’auteure et le dénouement ainsi que l’évolution des différents personnages suivis et je ne peux que vous recommander chaudement cette lecture !

Conclusion

Je pense que Le bal des folles est un incontournable de cette rentrée littéraire, alliant histoire de la psychiatrie à une réflexion plus profonde sur la condition des femmes déplorable à cette époque, et parfois encore de nos jours. Ces personnages ont beaucoup à nous apprendre et j’ai été fasciné par leur évolution et le dénouement de l’intrigue : un coup de cœur !

coup de coeur notation

un petit mot pour la fin 2

Libres ou enfermées, en fin de compte, les femmes n’étaient en sécurité nulle part. Depuis toujours, elles étaient les premières concernées par des décisions qu’on prenait sans leur accord.


Leur jugement réside dans leur conviction. La foi inébranlable en une idée mène aux préjugés. […] il ne faut pas avoir de convictions : il faut pouvoir douter, de tout, des choses, de soi-même. Douter.


Les rêves sont dangereux, Louise. Surtout quand ils dépendent de quelqu’un.

About

Lectrice depuis mon plus jeune âge, j'ai décidé de lancer mon blog en mars 2015 et ma chaîne BookTube en août 2016 que j'administre à côté de mon travail (interne en psychiatrie).

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